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Entretien avec Jan Oehmicke, vice-président Région DACH chez MG Motor Europe

Mobility Observatory 5 Jul 2022

L’industrie automobile est en pleine mutation, les motorisations traditionnelles cédant le pas aux moteurs hybrides ou électriques. C’est dans ce contexte que Jan Oehmicke, vice-président Région DACH chez MG Motor Europe dévoile à l'Arval Mobility Observatory quels sont les piliers sur lesquels son entreprise fondera sa stratégie pour les prochaines années.

Observatoire de la mobilité Arval : Commençons par l’histoire récente de la marque MG Motor. MG Motor a été achetée par Nanjing Automobile Group en 2005, lequel a ensuite fusionné avec SAIC Motor Corporation Limited. Comment cette marque britannique a-t-elle vécu son passage sous pavillon chinois ?

Jan Oehmicke : « La marque MG est riche d’une longue histoire. Elle est, de toutes les marques, sans doute la plus représentative de la démocratisation des sportives à deux places dans les années 1950. À l’époque, l’entreprise avait pour ambition de rendre un certain type de véhicules accessible au plus grand nombre tout en y intégrant des technologies innovantes. Aujourd’hui que la marque MG Motor appartient au groupe SAIC, le principe demeure inchangé, bien que l’objectif ait évolué. MG Motor se concentre désormais sur les « véhicules à nouvelles énergies », c’est-à-dire les véhicules à batteries ou à propulsion hybride. Tout comme par le passé, son ambition est de proposer ces véhicules à un large public. Cela reflète selon nous parfaitement l’esprit de l’époque. »

Dans quels domaines avez-vous réalisé le plus d’investissements ces dernières années ?

Jan Oehmicke : « MG Motor est prête à étendre ses activités à travers le monde entier, ce qui ne manque jamais d’attirer des investisseurs dans tous les domaines. La marque se concentre tout particulièrement sur les produits destinés à chaque région qui constitue un marché d’expansion en suivant de près les attentes de la clientèle locale. L’Europe est notre plus grand marché et, comme je le disais plus tôt, les véhicules à nouvelles énergies y sont devenus une priorité. C’est une opportunité à saisir pour le groupe SAIC, qui peut pour cela s’appuyer sur son expérience acquise dans son marché national, la Chine. »

Quelle est votre stratégie en Europe, en termes de marchés et de produits ?

Jan Oehmicke : « Nous sommes déjà présents sur pratiquement tous les marchés européens et nous avons mis en place des structures de vente dans 16 pays. Une fois bien établis en Europe de l’Ouest, nous nous orienterons bientôt sur le marché de l’Europe de l’Est. Pour ce qui est des produits, MG Motor étendra cette année sa gamme de véhicules avec la présentation officielle d’un tout nouveau modèle absolument fascinant. Cet ajout nous permettra de renforcer notre présence sur le plus important segment de véhicules en Europe grâce à des technologies de pointe et à un excellent rapport qualité-prix, ce pour quoi notre marque est réputée. Ce nouveau modèle, 100 % électrique, est naturellement destiné aux marchés qui connaissent une forte dynamique dans le domaine de l’électromobilité. D’autres régions d’Europe ne sont pas encore à niveau en ce qui concerne leurs infrastructures de recharge, par exemple. Durant cette période de transition, les modèles MG Motor plus traditionnels seront encore disponibles sur ces marchés. Notre objectif reste toutefois clair : nous concentrons tous nos efforts sur les véhicules hybrides ou 100 % électriques. »

Quel rôle les constructeurs automobiles doivent-ils jouer dans le développement des infrastructures de recharge selon vous ?

Jan Oehmicke : « Tous les constructeurs – dont MG Motor – souhaiteraient voir leurs clients disposer de la meilleure infrastructure de recharge possible afin de garantir un scénario d’utilisation optimal. C’est pourquoi nous apporterons notre aide dans les zones de construction où notre soutien peut faire la différence. Le déploiement de cette infrastructure nécessite toutefois d’établir un agenda politique et de libérer des subventions. Cette responsabilité échoit en premier lieu à l’État, mais aussi, bien sûr, aux fournisseurs d’énergie. Cependant, en tant que constructeur nouvellement arrivé sur le marché, nous sommes ravis de participer à ce processus. Nous augmenterons nos efforts en ce sens à mesure que nous poursuivrons notre croissance. »

Quelle est votre stratégie en ce qui concerne les canaux de vente en Europe ?

Jan Oehmicke : « Pour ce qui est de la distribution, nous travaillons dans chaque région avec des partenaires commerciaux locaux afin de pouvoir nous appuyer sur les meilleures structures qui soient. Il en va sensiblement de même pour les grands comptes, où nous observons une croissance significative. Nous disposons par exemple d’une structure commerciale complexe en Allemagne. Celle-ci repose sur un réseau d’agences qui en constitue la trame. Nous comptons actuellement environ 120 partenaires commerciaux, mais ce nombre est appelé à augmenter. À ce réseau d’agences s’ajoutent d’autres canaux de distribution importants comme le commerce de véhicules de flotte. Nous travaillons sur le marché allemand avec un partenaire privilégié, à savoir Arval Allemagne. Des canaux de distribution innovants ouvrant la possibilité de commander en ligne seront également ajoutés. »

Quelle est votre vision du marché européen ? Pensez-vous que les consommateurs européens accueilleront favorablement des produits chinois ? Quels sont les opportunités et les risques pour votre entreprise sur le marché européen ?

Jan Oehmicke : « L’Europe est le marché automobile le plus compétitif au monde et c’est de là que proviennent certains des plus grands acteurs à l’échelle mondiale. Depuis les années 1980, SAIC Motor fabrique des voitures sous licence d’autres constructeurs à destination du marché chinois. Fort de notre expérience ainsi acquise, il est maintenant temps que nous fassions nos preuves sur le marché européen, ce que nous ferons avec nos propres marques, comme MG Motor, en gage de qualité. Nous pensons que les clients européens apprécieront la démarche. Rien qu’au premier trimestre de 2022, nous avons livré 22 135 nouveaux véhicules MG à nos clients européens. Récemment, et pour la première fois, plus de 1 000 véhicules MG Motor ont été immatriculés sur une période d’un mois en Allemagne. C’est d’après nous la preuve que nous avons su gagner la confiance du public. »

Comment voyez-vous l’avenir de la vente de voitures en Europe ? À quoi ressemblera le concessionnaire automobile de demain ? Les commandes en ligne feront-elles partie du tableau ?

Jan Oehmicke : « Nous sommes convaincus qu’on ne pourra toujours pas se passer d’un partenaire commercial local à l’avenir. L’expérience actuelle montre que les clients sont attachés au fait d’avoir un interlocuteur local – c’est une question de confiance. Cependant, à mesure que le marché évolue vers des solutions de mobilité – je pense en particulier aux différentes formules d’abonnement –, nous présumons que les clients seront de plus en plus disposés à prendre des décisions dans l’espace numérique. Nous pensons ainsi que la clé de l’avenir réside dans la combinaison et l’intégration de méthodes de vente traditionnelles et numériques. »

Comment pensez-vous que la mobilité en Europe va évoluer dans les dix prochaines années ?

Jan Oehmicke : « Les services de mobilité sont d’ores et déjà en plein essor. J’entends par là le développement de formules par abonnement, l’autopartage, la location à moyen terme, etc. La durée de vie utile des véhicules se raccourcit à mesure que les modes d’utilisation évoluent. Il ne faut cependant pas perdre de vue le facteur démographique et tout dépend de qui a besoin de quels produits, et quand. Dans les agglomérations urbaines, par exemple, les besoins de mobilité évoluent vers plus de flexibilité, avec des véhicules disponibles plus rapidement. Cette tendance se dessine également dans le secteur des entreprises. En parallèle, il y aura toujours des clients qui préféreront maintenir leurs véhicules plus longtemps en service et les conserver trois ou quatre ans dans leur flotte, que ce soit en achat ou en location longue durée. Avec nos partenaires, nous devons satisfaire les attentes de ces deux types de clients.

Quels sont vos principaux axes de développement pour les dix prochaines années en matière de technologies – véhicules autonomes et connectés –, de batteries, de motorisations et de services ?

Jan Oehmicke : « Identifier les tendances et les défis de demain et s’y atteler n’est évidemment pas une mince affaire. Nous avons récemment fondé un centre de recherche et développement en Chine, où 10 000 employés consacrent leurs talents à des sujets de demain tels que les logiciels, l’intelligence artificielle, le big data, le cloud computing et la cybersécurité. Leur objectif commun est de rassembler les résultats du centre d’innovation – dont l’activité s’étend sur toutes les parties du globe – pour accélérer le développement et la mise en production de véhicules à énergies nouvelles intelligents, connectés et autonomes. Ces investissements montrent bien à quel point le groupe SAIC prend ces questions au sérieux. Dans la pratique, cela signifie que fournir des systèmes d’assistance et des services connectés pour véhicules restera au cœur de nos préoccupations. Notre équipement MG Pilot, qui équipe de série nos modèles actuels, en est la parfaite illustration. À Shanghai, des robotaxis de niveau 4 développés par SAIC ont déjà été mis en service et sont exploités comme taxis partiellement autonomes. Nous voulons poursuivre le développement de véhicules toujours plus intelligents dont l’expérience d’utilisation serait définie par logiciel, ainsi que de véhicules autonomes. »

À quels changements majeurs vous attendez-vous dans l’industrie au cours des prochaines années ?

Jan Oehmicke : « L’industrie automobile est déjà en pleine transformation avec le passage des modes de propulsion traditionnels à la propulsion hybride et électrique. Autres sujets incontournables : l’intelligence artificielle et la conduite autonome. Ces avancées technologiques apporteront à n’en point douter des changements durables dans nos habitudes de conduite. Tout cela nécessite une grande force d’innovation. Comme je le disais plus tôt, le groupe SAIC, et par conséquent MG Motor, est ravi de relever ces défis de demain. »

 

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