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Notre tour du monde de la mobilité : Zurich, la ville à la qualité de vie élevée

Mobility Observatory 27 Jan 2022

La prochaine étape de notre Tour du monde de la mobilité est la ville de Zurich, une ville souvent reconnue comme ayant une très haute qualité de vie pour ses habitants. Notre discussion avec Anna Schindler, directrice de l'Office du développement urbain de la ville de Zurich, nous permet de découvrir tous les aspects et la stratégie de cette ville en matière de mobilité.

Zurich occupe une position unique en Suisse. Elle est la plus grande ville du pays et abrite une place financière de renommée internationale tout en étant le centre d'une région économique. Zurich est la capitale du canton du même nom et le centre d'un certain nombre de régions qui, ensemble, comptent quelque 1,9 million d'habitants. Les enquêtes menées auprès des habitants confirment régulièrement le niveau élevé des conditions de vie, de travail et de logement, et Zurich se situe régulièrement en tête des classements internationaux des villes en termes de qualité de vie.

Les principaux chiffres de la ville de Zurich en bref

- Population : 440 000 habitants, plus de 600 000 navetteurs quotidiens

- Pistes cyclables en km : 807 km

- Tramway : 14 lignes de tramway dans la ville qui desservent plus de 171,9 kilomètres de voies

- Bus : 14 lignes de bus dans la ville

- Trolleybus : 6 lignes et d'une longueur totale de 54,0 km de parcours

Arval Mobility Observatory : Quelle a été l'évolution de votre ville au cours des 10 dernières années ?

Anna Schindler : Nous avons assisté à une croissance de la population qui s'est traduite par une densification, une augmentation du trafic et de la congestion. Plus de personnes font la navette, plus de personnes arrivent chaque jour dans la ville. Environ 480 000 personnes travaillent chaque jour à Zurich et il faut ajouter le nombre d'étudiants qui étudient dans la ville. Nous arrivons donc à un chiffre de 600 000 personnes qui font la navette chaque jour vers Zurich, dans une ville qui compte 440 000 habitants.

Quels objectifs voulez-vous atteindre en matière d'impact environnemental et de congestion ?

Nous avons pour objectif de nous concentrer sur les transports publics et que la croissance de la population et la demande accrue de mobilité soient gérées en premier lieu au sein du réseau de transports publics. Pour répondre aux défis posés par le trafic avec des mesures concrètes et des priorités claires, le conseil municipal a lancé en juin 2012 le programme de trafic urbain appelé "Stadtverkehr 2025". Voici quelques-uns des objectifs mentionnés dans ce programme :

 

  • Le pourcentage du trafic des transports publics, des piétons et des vélos dans le volume global du trafic dans la ville de Zurich doit être augmenté d'au-moins 10 points de pourcentage en 10 ans ;

  • La disponibilité et l'attractivité des transports publics ainsi que la circulation des piétons et des cyclistes doivent être améliorées ;

  • La capacité globale du réseau routier pour le transport privé motorisé ne doit pas être augmentée.

 

Zurich souhaite atteindre l'objectif de zéro émission nette d'ici 2040. Nous développons certaines initiatives telles que la limitation de la vitesse à 30 km/h sur un certain nombre de routes de la ville, la mobilité électronique, les bus électroniques et le transport électronique.

Quel est le mix de mobilité utilisé pour les déplacements quotidiens ?

Les transports publics sont le mode de transport le plus populaire, représentant 47% des déplacements à l'intérieur de Zurich, le vélo 9%, la voiture privée 9%.

50% des ménages ne possèdent pas de voiture à Zurich et parmi ceux qui en possèdent une, seuls 13% l'utilisent régulièrement.

En matière de mobilité, quelles sont les différentes solutions disponibles à Zurich ?

Zurich dispose d'un réseau de transports publics moderne : trams, bus, ferries, trains de banlieue et funiculaires se combinent pour former une gamme complète et efficace d'options de transport. Notre réseau de transports publics est vraiment bon et très solide.

Nous voulons également continuer à faire des efforts en matière d'utilisation du vélo. Nous devons parvenir à une bonne utilisation du trafic privé et du trafic professionnel et les combiner afin de permettre un accès facile au centre-ville, d'atteindre notre objectif net zéro et que le trafic devienne plus durable.

En novembre 2020, l'autorité des transports de Zurich (VBZ) s'est associée à l'entreprise de mobilité ViaVan pour lancer "Pikmi". "Pikmi" est le premier "service à la demande" de transport public de Zurich. Les minibus sont disponibles tous les soirs au tarif normal des transports publics. Dans le cadre de ce projet pilote de 18 mois, ViaVan propose un service partagé à la demande de 20 heures à minuit, du lundi au dimanche, afin de combler les lacunes actuelles en matière de transport public. Les passagers peuvent réserver des trajets par le biais de l'application Pikmi et payer en présentant au conducteur un ticket de transport public valide. Les passagers peuvent utiliser le service en même temps que d'autres formes de transport public. Ce nouveau service s'avère être un grand succès et fonctionne bien.

Concernant les vélos, nous avons actuellement 807 km de pistes cyclables dans la ville.

Vous pouvez trouver beaucoup de solutions de mobilité partagée telles que le partage de vélos, les solutions d'autopartage à Zurich. En ce qui concerne les solutions d'autopartage, l'un des fournisseurs est Mobility, l'une des plus anciennes sociétés d'autopartage en Europe, qui a été créée en 1997 et qui exploite plus de 1 540 stations dans toute la Suisse.

Comment soutenez-vous le développement de ces solutions en termes d'infrastructures ?

Nous avons une stratégie visant à mettre en place davantage de stations de recharge et à les rendre plus accessibles. Nous avons des plans pour en développer davantage à l'avenir ; il reste à définir comment et où. Il n'y a pas de règle mise en place par la ville ou le canton concernant le nombre de bornes de recharge dans l'espace privé.

En ce qui concerne les vélos, nous avons l'objectif politique de mettre en place une route à grande vitesse de 50 km pour les vélos électriques.

Grâce à la nouvelle stratégie "Stadträume und Mobilität", nous aimerions rendre les espaces publics plus attrayants pour le trafic piétonnier et mettre en œuvre des améliorations pour le trafic cycliste. Actuellement, nous avons un système de circulation mixte où les transports publics et les vélos partagent certaines voies, ce qui pose des problèmes en termes de sécurité. L'objectif est de développer un réseau continu et sûr de pistes cyclables dans la ville.

Le conseil municipal a défini une stratégie pour afin de positionner Zurich comme une ville intelligente. Quelle est votre politique en matière de données ouvertes ? Comment peuvent-elles aider la ville à atteindre ses objectifs en matière de durabilité ?

L'objectif est d'être ouvert par défaut, mais nous n'avons pas de données centralisées, chaque département gère ses propres données avec sa propre politique. Dans notre stratégie Smart City Zurich, nous promouvons une infrastructure de données fiable et ouverte. Les données et informations de l'administration de la ville qui ne sont pas soumises à des contraintes de confidentialité spécifiques sont mises à la disposition du public. Dans le traitement des données personnelles, la protection des données et l'autodétermination informationnelle ont la plus haute priorité.

Nous avons un très bon exemple dans le domaine de la mobilité. Dans le cadre de notre stratégie "Smart city", nous avons développé un programme d'innovation appelé "Innovation Fellowships". Ce programme permet à des experts d'entreprises ou d'universités d'apporter leur expertise en matière de TIC et d'innovation. Les "Fellows" travaillent dans l'administration de la ville pendant six à douze mois. En ce moment, le département du trafic travaille avec l'un de ces boursiers : ils collaborent sur les données provenant de différents fournisseurs de solutions de mobilité et combinent ces données avec leurs propres données. Ils effectuent des analyses afin de comprendre comment les gens utilisent ces services de micromobilité tels que les scooters électriques, les vélos électriques et les solutions de partage de vélos. Cela leur permettra de comprendre comment réguler ces solutions de mobilité dans la ville, ce qui nous permettra également de gérer un système de feux intelligent qui réduira les embouteillages. Nous y travaillons.

Quels sont vos projets en matière de Mobility As A Service ?

Un projet pilote a été lancé il y a deux ans avec "YUMUV" ; il consolide les options de mobilité urbaine existantes telles que les transports publics ou les solutions de mobilité partagée. Avec "YUMUV", les usagers peuvent planifier leurs déplacements, acheter des billets de transport public, réserver et payer des vélos et des scooters électriques. Cette application est un planificateur de trajet porte-à-porte en temps réel proposant des recommandations multimodales pour les trajets monomodaux et intermodaux. Elle est née d'une étroite collaboration entre Trafi, les Chemins de fer fédéraux suisses SBB CFF FFS, et les opérateurs de transports publics Verkehrsbetriebe Zürich, Basler Verkehrs-Betriebe BVB, et BERNMOBIL.

Suite à la pandémie COVID-19, constatez-vous un changement dans les comportements des zurichois en matière de mobilité ?

Nous avons constaté une augmentation de l'utilisation des vélos et des voitures privées au détriment des transports publics. 

C'est d'ailleurs une tendance générale dans tous les pays européens. Comment voyez-vous l'évolution de la mobilité dans les 10 prochaines années ?

Nous allons certainement de plus en plus avoir recours à une vitesse limitée à 30 km/h sur les routes des centres-villes. Nous nous efforcerons de rendre l'utilisation des vélos plus sûre dans la ville et d'avoir un réseau cyclable et piétonnier sûr.

En conclusion, quels sont les avantages de votre réussite en tant que ville intelligente ? Quels sont les éléments clés pour qu'une ville atteigne ce statut ?

L'élément le plus important est la connexion, et c'est aussi ce que représente notre stratégie intelligente. "Smart" signifie connecter les gens, connecter les organisations ou les infrastructures de manière à créer une valeur ajoutée sociale, écologique ou économique.

Nous travaillons sur un grand programme de numérisation des services publics et de l'administration de la ville, mais ce n'est qu'un moyen pour atteindre cette cause.  Nous voulons vraiment utiliser toutes les évolutions techniques en matière de mobilité, de livraison et de logement dans le but d'obtenir de meilleurs résultats.

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